• Le Grand Stade de Martigny n'est pas pour demain

    PROJET EN RADE Martigny ne semble pas près d'accueillir le FC Sion. La faute, entre autres, à des procédures compliquées qui ne découragent pourtant pas Christian Constantin.

    Le Grand Stade de Martigny«La construction du Grand Stade va démarrer cette année pour s'achever en 2009, année du centenaire du club.» Télévision, radio, journaux: tous les médias ont dévoilé le nouvel échéancier de Christian Constantin. Lequel veut donc espérer que cette fois-ci sera la bonne.

    Car le bouillant président du FC Sion n'en est pas à son premier projet, lui qui a même dû déjà déplacer de quelques hectomètres son futur grand stade. «La spéculation de certains propriétaires de terrains sur l'emplacement initial justifiait le changement », souligne sans se démonter le dirigeant le plus médiatisé du pays. Qu'importe les oppositions, Christian Constantin affirme que cet écrin s'inscrit toujours comme une nécessité, à réaliser au plus vite. «J'en ai besoin pour faire du FC Sion un club de taille réellement européenne. »


    Barrières administratives

    Ce sera donc chose faite en 2009, pour quelque 200 millions de francs! A condition évidemment que Christian Constantin puisse finaliser un plan de financement qui demeure encore nébuleux et qu'il réussisse également à faire rapidement tomber toutes les barrières administratives.

    Car le chemin qui mène à l'inauguration de ce joyau du foot romand passe immanquablement par un changement d'affectation de zone! Les terrains promis à accueillir le grand stade de Martigny se trouvant présentement en zone agricole, ils devront obligatoirement être transférés en zone d'intérêt public pour permettre une telle construction.

    Une procédure légale qui s'annonce d'autant plus complexe que l'emplacement en question englobe des surfaces d'assolement (héritage du Plan Wahlen)! Lesquelles font l'objet d'un plan sectoriel de <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Confédération">la Confédération</st1:PersonName> toujours en vigueur. «Si la commune de Martigny accepte de sacrifier ces surfaces cultivables, elle devra impérativement en offrir d'autres en échange!», soulignet- on du côté du Service de l'aménagement du territoire. Et cette procédure pourrait encore s'éterniser au gré des oppositions. Petit coup de projecteur sur le parcours du combattant qui attend Christian Constantin.


    L'enquête publique

    Les modifications du plan d'affectation et du règlement des zones doivent faire l'objet d'une mise à l'enquête publique pendant trente jours. Toutes les personnes touchées par les mesures d'aménagement et «qui possèdent un intérêt digne de protection à ce qu'elles soient annulées ou modifiées » peuvent alors manifester leur opposition.


    Traitement des oppositions
    La loi prévoit que la procédure d'opposition comprend une séance de conciliation. Le Conseil municipal tranche les oppositions, pour autant «qu'elles n'aient pas un caractère de droit privé ou qu'elles ne concluent pas à l'octroi d'une indemnité». Ce même exécutif adapte si nécessaire les modifications du plan d'affectation et du règlement des zones avant de soumettre l'objet au Conseil général.


    Décision
    C'est donc le législatif octodurien qui sera appelé à décider de ces modifications du plan d'affectation et du règlement des zones. Or la prochaine séance du Conseil général de Martigny est fixée au 30 mai 2007 et elle devrait porter sur les comptes 2006. Mais s'il juge qu'un dossier est suffisamment important et bien ficelé pour être soumis à la décision du législatif, le Conseil communal a bien sûr tout loisir de convoquer une assemblée extraordinaire. Il doit alors respecter un délai de trente jours.


    Voies de recours et homologation
    Si décision favorable il y a en Octodure, celle-ci peut alors faire l'objet d'un recours au Conseil d'Etat. Ce droit doit être exercé dans les trente jours dès la publication des décisions du Conseil général. Le Conseil d'Etat statue ensuite «avec plein pouvoir d'examen sur les recours » et homologue ou non la modification du plan d'affectation de zones. Les bases légales de l'aménagement du territoire stipulent que le Conseil d'Etat «prend une décision dans un délai de six mois. Ce délai est réduit à trois mois pour les modifications partielles des plans d'affectation des zones et du règlement des constructions ainsi que pour les plans d'affectation spéciaux.»


    Suite...
    Et ce n'est pas tout, puisque la décision d'homologation peut, elle aussi, faire l'objet successivement d'un recours au Tribunal cantonal, puis au Tribunal fédéral. Ce n'est qu'une fois ces derniers obstacles franchis que le projet de construction de ce Grand Stade pourra alors être mis à l'enquête publique. Pour autant qu'un plan de quartier incluant une étude d'impact sur l'environnement ne soit pas imposé. Car si un tel cas de figure devait se présenter, il offrirait alors un droit de recours aux organisations non gouvernementales...


    LE PROJET

    Site: Martigny
    Situation : sortie A9
    Surface totale: <st1:metricconverter w:st="on" ProductID="15 hectares">15 hectares</st1:metricconverter>

    1re ÉTAPE CENTRES COMMERCIAUX
    Surface: <st1:metricconverter w:st="on" ProductID="6 hectares">6 hectares</st1:metricconverter>
    Investissement: 100 millions
    Propriétés:
    77,5 % Constantin
    22,5 % HRS*
    Ouverture prévue: printemps 2008
    État actuel: enquête publique (plan de quartier et étude d'impact) terminée

    2e ÉTAPE STADE + CENTRES COMMERCIAUX
    Surface: <st1:metricconverter w:st="on" ProductID="9 hectares">9 hectares</st1:metricconverter>
    Investissement: 60 millions (stade) + 70 millions (commerces)
    Propriétés: ou droits d'emption en faveur de Christian Constantin
    Ouverture prévue: printemps 2010
    État actuel: Terrains en zone agricole

    *Entreprise générale Hauser Rutishauser Suter SA

    Constantin y croit...
    Christian Constantin reconnaît que la procédure représente le plus grand obstacle au nouveau stade. «Même si la commune de Martigny possède les terrains nécessaires pour compenser les zones agricoles à transformer, celle-ci peut rallonger les objectifs fixés. J'en suis conscient, puisque j'ai signé un contrat de partenariat avec la ville de Sion jusqu'en 2011 et je peux jouer la coupe d'Europe à <st1:PersonName w:st="on" ProductID="La Praille.» Mais">La Praille.» Mais</st1:PersonName> le président du FC Sion sait aussi que cette situation ne peut pas durer. «A moyen terme, j'ai trois possibilités: réussir à construire un stade en Valais et y garder un club d'élite.Fusionner avec un autre club romand qui possédera cette infrastructure ou tout abandonner en vendant les joueurs.» Pour réussir la première solution, Christian Constantin doit d'abord réaliser les centres commerciaux. «Actuellement, nous attendons les dernières autorisations de construire. Les partenaires commerciaux sont trouvés, mais je ne divulgue pas, pour l'instant, leur identité. Cette opération permettra de financer le stade. Ensuite, l'exploitation annuelle de l'enceinte ne me coûtera pas plus que ce je paie aujourd'hui pour Tourbillon et <st1:PersonName w:st="on" ProductID="La Praille">La Praille</st1:PersonName> réunis.»

    Selon le boss du FC Sion, l'éventualité d'un casino à Martigny intervient, non pas dans le financement du stade, mais justement dans son exploitation. «C'est une attraction de plus dans le complexe,un partenaire de plus avec qui on pourrait partager certains frais. N'oublions pas que les principaux bénéficiaires d'un nouveau casino en Valais seraient l'Etat et la commune de Martigny, et non pas Christian Constantin.» Ce dernier est au courant que la décision liée aux nouvelles concessions ne tombera pas avant l'automne 2007. «Un casino de plaine en Valais rapporterait 80 millions de chiffre d'affaires annuel. Il n'y a qu'à se baser sur l'évolution du casino de Mendrisio, qui a pourtant plusieurs concurrents au Tessin, pour s'en convaincre...»

    Reste que le projet de Grand Stade a déjà changé trois fois de lieu, d'affectation et de financement. «A Collombey, les centres commerciaux ont été réalisés. Ensuite, je n'étais plus dans le milieu du foot. A Martigny, la commune a tout d'abord voulu un projet à gauche de l'autoroute sur une surface appartenant à 105 propriétaires différents. Même si une majorité d'entre eux voulaient vendre, les oppositions rendaient l'affaire impossible. De notre côté, nous avons toujours estimé que l'emplacement actuel avait plus de chances de réussite.» Et pourquoi pas Sion? «Parce que les centres commerciaux de Sion se sont établis à Conthey, que Martigny est la dernière région du Valais vierge de grands commerces. » Christian Constantin espère aussi une vraie pression populaire pour la concrétisation du projet. «Je ne fais pas ce stade pour Christian Constantin. Au contraire, sans lui et avec les centres commerciaux, je serais plus riche de quelques millions... »


    CONSEIL GÉNÉRAL DE MARTIGNY

    Attendons, pour voir...
    Du côté du Conseil général de Martigny – passage obligé pour le changement de zones nécessaire au projet de stade – les positions ne sont pas tranchées puisqu'aucun dossier précis n'a été présenté. Ce qui n'empêche pas les groupes d'en parler. Sondage.

    Chez les radicaux, l'a priori est favorable. «En complément avec le CERM, le stade contribuerait à faire de Martigny un pôle attractif dans le Triangle de l'amitié (Vallée d'Aoste, Savoie, Valais)», estime le chef de groupe David Martinetti.

    Le projet contribuerait également, via les infrastructures nécessaires à un tel stade, au développement de Martigny en direction de Vernayaz. Mais il ne faudra pas occulter les nuisances potentielles, notamment en termes de sécurité.

    La sécurité est également au centre des préoccupations du groupe PS-Verts. «Si un tel projet devait se faire, il s'agira de revoir la politique sécuritaire de la ville», estime Benoît Gaillard. Le groupe se fait également du souci quant à la concurrence que généreront les nouveaux commerces prévus dans l'enceinte. «Et quelles seront les conditions de travail?»

    L'exploitation commerciale revient également dans les discussions du groupe démocrate- chrétien. Pour Laurent Jacquemin, «il faut éviter un déplacement du coeur commercial de la ville».

    Autre point à éclaircir nécessairement: l'implication de la commune dans la réalisation (construction des routes par exemple) et l'exploitation du stade (la sécurité).

    En attendant d'être fixés clairement sur les tenants et aboutissants du projet, tous les groupes se rejoignent sur un constat: bien que privé, la réalisation d'un tel projet (sans parler de l'exploitation du stade) débordera forcément sur le domaine public.


    LES PRÉDICTIONS DE CC

    «La question des terrains est réglée. Nous possédons toute la surface nécessaire. Nous finalisons actuellement les surfaces compensatoires pour les zones d'assolement.»
    15 juin 2005 sur le Net

    «La mise à l'enquête aura lieu cet automne, nous donnerons le premier coup de pioche durant le premier semestre 2006.»
    Juin 2005 encore

    «Je veux inaugurer le complexe pour la saison 2008/2009, celle du centenaire du club... Nous ne sommes en retard sur aucun plan.»
    Juin 2005 toujours

    «Sa construction (celle du stade) démarrera cette année pour s'achever en 2009, année du centenaire du club. Dans le développement du FC Sion, ce stade est ce qui me manque encore. J'en ai besoin pour faire du FC Sion un club de taille réellement européenne.»
    Le Matin, 6 janvier 2007

    Pascal Guex
    Le Nouvelliste


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :